Notre-Dame des Langueurs
En 1631, pour arrêter la peste à Joué-sur-Erdre, deux sœurs font le vœu à la Vierge d’y construire une chapelle. La belle église du 19ème juchée sur une colline accueille les pèlerins d'aujourd'hui.
En juillet 1631, la peste apparaît subitement et jette l'épouvante à Joué. Le cimetière paroissial devient bientôt insuffisant. On improvise même un nouveau cimetière, à une lieue du bourg, au milieu d'une lande solitaire située entre les deux gros villages de Franchaud et de la Mulonnière, un endroit où s'élève maintenant la Croix du Désert.
Deux femmes très pieuses, les sœurs Martin, habitant la paroisse font un vœu à la Vierge. Elles promettent d'ériger une chapelle à Marie, si elle écarte le fléau. La peste cesse immédiatement dans ces villages.
Les villageois se mettent en devoir de tenir leur promesse. Mais qui possédera la précieuse chapelle ? L'important village de Franchaud ou les habitants de quelques pauvres maisons juchées sur la lande de Vioreau ? C'est alors, au dire de la légende, que le ciel intervient en faveur de ces derniers.
Un paysan de La Lirais, hameau de la paroisse d'Abbaretz, sur les confins de Joué, envoie chaque jour, comme ses voisins, paître ses troupeaux sur l'immense lande, alors indivise, de Vioreau. Il remarque qu'un de ses bœufs devient sensiblement plus gras et plus beau que les autres. Craignant que la bête ne quitte la lande pour faire des incursions dans les champs voisins, il interroge le berger. Celui-ci dit, que le bœuf reste constamment sur le pâtis commun et qu'il prend la même nourriture que les autres. Le propriétaire veut en avoir le cœur net et fait suivre le bœuf.
On remarque que celui-ci, au sortir de l'étable, relève la tête, flaire l'air d'un certain côté, puis d'un pas ferme et rapide, sans courir, se dirige vers un point de la lande, toujours le même. Il s'arrête près d'un buisson de houx et y reste de longues heures jusqu'à ce qu'on le force à rentrer à l'étable. Il ne mange pas, mais lèche de temps à autre une grosse pierre cachée sous la verdure.
La curiosité du paysan est piquée au vif et bientôt tous les voisins, informés de ce fait étrange, accourent. Ils soulèvent, à force de bras, l'énorme bloc et ils aperçoivent, dans une cavité souterraine, une statue assez longue et deux autres plus petites.
La première est une Piéta, c'est-à-dire une statue représentant Marie, la Mère des Douleurs, avec le corps inanimé de son fils Jésus sur ses genoux. Les statuettes représentent St Eutrope (1er évêque de Saintes où il fut martyrisé) et Ste Marguerite d'Antioche (vierge et martyre).
La construction de la Chapelle
Les paysans n'hésitent plus : là doit s'élever la chapelle votive. On se met immédiatement à extraire de la pierre et deux premières charretées sont transportées sur la lande. Cependant, malgré le miracle, le village de Franchaud s'obstine dans ses prétentions et il faut une seconde manifestation du ciel.
Quelques-uns de ses habitants viennent clandestinement enlever les pierres déjà placées sur la lande et les transportent à l'entrée de leur village. Mais le lendemain matin, sans qu'on puisse relever aucune trace de pas ou de charrettes, les pierres se retrouvent sur le premier emplacement.
Cette fois, tout le monde est d'accord et on fait reposer un des angles de la chapelle sur le bloc de pierre qui avait préservé la statue de Notre Dame.
La première pierre de la Chapelle est solennellement bénie le 12 octobre 1637 en l’appelant Notre-Dame des Langueurs.
Une nouvelle église
En 1897, une église plus spacieuse et plus belle est construite à quelques pas de l'ancienne en réutilisant toutes les pierres de l'ancienne chapelle.
En septembre 1947 arrive un nouveau curé, l'abbé Renaud. C'est une vocation tardive, car il a exercé trois ans le métier de forgeron chez son père avant d'entrer au séminaire. Comme un artisan multifonction, il va, avec son vicaire, l'abbé Griveau et le concours des paroissiens, entreprendre de grands travaux de rénovation et d'embellissement. Il s'agit de défoncer le vieux dallage du chœur, de débiter à la scie d'énormes pierres blanches, de creuser dans les murs l'emplacement des stations du "Chemin de croix" extrait de celui de l'abbaye de Notre Dame de Melleraie à Meilleraye-de-Bretagne. Des agriculteurs de la paroisse acheminent avec leurs plateaux à cheval les blocs de 200 à 300 kg. Les restes de ces blocs avec des pierres de Nozay, servent au maître-autel, aux autels latéraux, aux ambons, à la table de communion et au baptistère. Les murs de couleur ocre, peints entièrement par Bernard Seiller, font ressortir toutes les pierres blanches et statues du chœur.
Par ailleurs l’abbé Renaud réalise aussi l'autel en briques vernies, sur lequel est placée la célèbre Piéta accompagnée en soubassement des deux autres statues de bois.
Sur le maître-autel, les six chandeliers en fer et le support de la croix sont réalisés dans une vis de pressoir, par Jean Lainé, forgeron dans l'agglomération. Sur les pieds, en bronze, des grains de raisin sont imités et un écoulement pour le vin nouveau est prévu. Le tabernacle est également en métal travaillé.
L'ancienne porte de la Sainte-Table qui était en deux parties, devient le support de l'autel face au peuple. Le dessin est réalisé par l'abbé Renaud : des anges adorent la Croix tandis que Satan se cache, vaincu ! Son frère Pierre le reproduit en fer forgé.
« Allons voir ce lustre illustre » aurait dit Monseigneur Villepelet en venant visiter la paroisse. Ce lustre immense, pèse environ 150 kg. Il a été entièrement réalisé et fabriqué par l'abbé Renaud, en bois et en plaques de fibrociment peints : il représente des paraboles de l'évangile sur les faces extérieures et une citation du prologue de Saint Jean à l'intérieur. Il est suspendu par une longue chaîne accrochée à une main, œuvre de Jean Lainé.
L'autel central a un bas-relief sculpté dans le schiste par Jean Fréour. C'est également au même ciseau que sont dues les statues de pierre blanche (la Vierge, St Joseph, St Antoine et St Mainboeuf) et l'ensemble en chêne polychrome posé sur les poutres d'un vieux pressoir local : le Christ, sa Mère et Jean, Ste Marie-Madeleine.
Le 29 septembre 1952, Monseigneur Villepelet consacrant cette église suggère de reprendre une journée de pèlerinage arrêté depuis 142 ans. L'année suivante, le 20 septembre 1953, une quinzaine de paroisses avec 5000 personnes accompagnent l'évêque pour le Grand Pardon de la Compassion.
Le 17 aout 2024, l'église accueille les pèlerins du Tro Mée, la marche sur plusieurs jours organisée par la paroisse de Chateaubriant.
Août 2024
Source : les informations affichées dans l'église
Les photos ont été prises en août 2024 pendant le Tro Mée
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